Peut-on parler de nouvelles formes d’expression de l’engagement…?
Selon les experts, l’histoire des médias a toujours contribué à la cause citoyenne, de la liberté d’émettre à l’accès des populations censurées; toujours en filigrane, la question de la démocratie.
Parallèlement, le journal et la forme télévisuelle de l’information ont longtemps frustré le lecteur et le spectateur car il n’existait alors aucune possibilité de « droit de réponse », de rectifier une vérité ou d’apporter des éléments complémentaires. Comme le soulignait S.Moscovici « …nous sommes exposés dès lors passivement à leur emprise (médias), soumis à l’autorité de la chose imprimée ou de l’image projetée »
En France, c’est en 2009 qu’émerge et se démocratise une forme de participation citoyenne qui prend l’appellation de « Réseaux sociaux » et « médias sociaux ». La diffusion des outils numériques permet l’apparition de nouvelles formes d’expression, d’innovation sociale, de co-construction et d’interaction entre les individu(e)s.
Les médias et réseaux sociaux ont encouragé l’expression, avec des fonctionnalités du type « exprimez-vous » ou encore le slogan du site YouTube « broadcast yourself » qui annoncent alors une nouvelle forme d’interaction avec l’utilisateur.
Grâce à l’évolution des pratiques et d’émancipation du monopole décisionnel ou informationnel confié alors aux programmateurs d’informations tels que la presse papier, la télévision et la radio… La visibilité d’une information et sa popularité sur les réseaux et médias sociaux sont dorénavant la conséquence d’un filtrage humain, organisé individuellement ou collectivement. Chaque internaute est à la fois journaliste, lecteur et consommateur.
Par ailleurs, comment définir dans le cadre des « communautés virtuelles » le processus de solidarité, de parrainage et de tutorat observé dans les forums, blogs, guildes de joueurs avec une organisation basée sur le mode de la division du travail et les chaînes vidéo qui favorisent l’apprentissage autodidacte (logiciel de montage, de création …)
Pouvons-nous imaginer un concept « d’empowerment » du citoyen, qui s’appuyant sur des nouvelles technologies aménagerait de nouvelles capacités d’actions !? Si nous partons sur le principe que de par leur nature et leur organisation les médias et réseaux sociaux engagent de façon inhérente les jeunes publics, alors pourquoi parle-t-on de « crise de l’engagement »? Sont-ce les institutions ou les jeunes qui ne s’adaptent pas ?
Parmi les nombreuses questions de départ que l’on pourrait se poser au sujet de ces médias, la première est de savoir si ces médias sont « sans contrôle » ou « sous contrôle »? Sont-ils comme beaucoup le fantasment des médias « du peuple » et donc par définition des médias «libres » ? Il nous faut aussi nous questionner sur les critères rendant compte de la participation et sur les formes d’activités dans les réseaux sociaux. Comment cela est-il partager, commenter, publier… ?
Qu’engage un simple clic? Interrogeons-nous sur la symbolique des actions d’aimer. Toutes ces expressions ne s’apparenteraient-elles pas à une forme de vote? Un like est-il égal à un vote?
A l’issue de nos rencontres avec les usagers, blogueurs, internautes…., nous pouvons nous demander s’il existe un véritable esprit d’entraide ou simplement la recherche de popularité, cherchant à rendre juste visible sa participation ?
Nous ferons un inventaire des profils dominants des utilisateurs de ces médias sociaux , en essayant de définir leurs motivations, leurs croyances, le degré d’implication qui justifient de leur investissement.
Les médias sociaux jouent-ils un rôle dans le processus d’engagement ? Sont-ils facilitateurs d’une certaine adhésion ou affiliation ? Ou favorisent-ils au contraire une forme de « désengagement » ?
Ce nouveau travail d’expertise citoyenne a pour objectif d’interroger les jeunes à propos de causes ou combats éventuels auxquels ils sont particulièrement sensibles. Nous tâcherons d’évaluer les degrés de préoccupation.
L’expertise nous amènera à déterminer où ces échanges et conversations ont lieu et si elles prennent place de manières aléatoires ou organisées, dans des lieux géographiques ou au sein d’espaces virtuels définis.
La question de l’adhésion et de l’envie d’agir sera abordée. Comment l’interprétation de milliers de « like », » je deviens fan », » je follow » et » lève le pouce » produits chaque jour transforme et/ou démontre une forme de solidarité envers des causes plus ou moins sérieuses. Pourrons-nous faire un classement des degrés d’implications du simple internaute au clicktiviste jusque l’Hacktiviste (et médiactiviste)…?
En résumé, notre objet d’étude
Notre approche consistera à observer, répertorier et définir les engagements 2.0 par l’angle des médias sociaux. On s’intéressera aux échanges informationnels comme les forums, blogs, réseaux sociaux…
Nous définirons le concept de « médias sociaux » comme une activité qui sous-tend la création, l’organisation, la publication et l’échange d’information entre plusieurs individus en prenant en compte tous types d’expression liés à l’internet.
Par ce prisme, de la création à sa consommation, nous pourrons ainsi définir l’ensemble des étapes où les jeunes utilisateurs jouent un rôle et pourraient être considérés comme « engagé-es ».
A travers cette expertise citoyenne, il s’agit d’évaluer de quelles façons et de quelles formes, l’usage des médias sociaux peut influencer et intervenir dans le processus d’engagement ou sa perception.
Notre choix et méthodologie
Une démarche quantitative
Une démarche d’ordre exploratoire
Une recherche documentaire
Le choix de la population
Construction d’un panorama des plateformes sociales
Chaque personne ayant participé peuvent interagir avec la proposition d’analyse. Dans une expertise citoyenne, les personnes sont actrices des savoirs produits sur leurs actes.
Voici le lien du questionnaire :
https://fr.surveymonkey.com/r/79V6VGQ
Voici le mail pour participer à l’analyse de l’expertise citoyenne : icare.association@gmail.com
A très bientôt
Khattou Pierre